La permaculture, qu’est-ce que c’est?
La permaculture est une forme d’agriculture biologique qui permet une production agricole durable, économe en énergie et respectueuse des êtres vivants et de leurs relations réciproques. Cette technique permet d’augmenter le rendement de la production des cultures en utilisant uniquement des engrais naturels, sans avoir recours aux pesticides.
Toutefois, avant de discuter des avantages et des techniques de jardinage tirés de la permaculture, il est important de noter que la permaculture est bien plus qu’une simple approche de jardinage! En effet, la permaculture est un système holistique induisant une véritable philosophie de vie où microorganismes, insectes, animaux, plantes et êtres humains cohabitent et vivent en harmonie dans un environnement sain, résilient et le plus autonome possible.
Ce modèle a d’abord été inspiré par l’agriculteur japonais Masanobu Fukuoka, pour être ensuite popularisé dans les années 1970 par le biologiste Bill Mollison et l’essayiste David Holmgren. En gros, ce concept vise à laisser le plus de place possible à l’expression de la nature, tout en focalisant nos efforts au niveau de la conception de l’espace et des connaissances à acquérir au fil des saisons.
La permaculture dans un bac, c’est possible!
Il est bel et bien possible de cultiver de savoureux légumes et autres plantes dans des bacs de plantation aux dimensions réduites! En adoptant cette approche, vous pourrez transformer même les petits espaces en oasis de verdure productifs.
Mais alors, par où commencer?
Avant de vous lancer dans un projet de permaculture dans un bac, nous vous conseillons de déterminer l’utilité de votre bac et de réaliser un plan de culture. Pour ceci, voici quelques questions à vous poser :
- De quelle surface de culture disposez-vous?
- Qu’allez-vous mettre dedans? Quelles plantes? Annuelles ou vivaces? Les deux?
N.B. Il existe de nombreux compagnonnages à explorer, c’est-à-dire des plantes qui se soutiennent mutuellement en termes de nutriments et de protection contre les ravageurs.
- Souhaitez-vous cultiver des légumes, des plantes médicinales, des herbes aromatiques ou des fleurs?
- Quelles températures fait-il en été? En hiver? Le bac sera-t-il enseveli sous la neige?
N.B. Certaines plantes ne survivent pas en l’absence d’une couverture de neige durant l’hiver.
- Combien de temps souhaitez-vous utiliser ce bac?
- Quel prix êtes-vous prêt à mettre? Est-ce que votre bac est une expérimentation pour un ou deux ans, ou bien un investissement à long terme?
- Habitez-vous en appartement avec balcon ou en maison avec jardin? Avec quelle exposition au soleil?
- Votre bac reposera-t-il à même le sol du jardin ou bien n’aura-t-il aucun contact avec la pleine terre (sur une terrasse, un balcon, dans la rue, sur un toit d’immeuble)?
N.B. Il est possible de réaliser un bac de permaculture dans les deux cas, mais il est à noter que la conception et l’entretien du bac diffèrent légèrement.
Après avoir répondu à ces questions, vous voilà prêt pour débuter votre projet de bac de culture fertile et biologique!
1re étape : la construction d’un bac potager
Avant de construire et de remplir le bac de permaculture, il est important de penser à l’exposition du terrain, son accessibilité, ainsi que le type de sol avec lequel il est en contact (dans le cas d’un bac en échange avec la pleine terre). Pour l’exposition, pensez à regrouper vos plantes par affinités, que ce soit en fonction du soleil, du vent, des besoins hivernaux ou en termes d’arrosage.
La construction d’un bac de permaculture peut être simple et économique. En effet, vous pouvez utiliser des matériaux récupérés comme des palettes ou des planches de bois. Toutefois, il faut noter que le bois est moins tenace, car il est plus sensible à l’eau et vieillit plus facilement, contrairement à d’autres matériaux comme l’aluminium, l’acier ou la tôle. À vous de choisir quel matériau vous convient le plus en termes d’esthétique, de budget, de résistance et de provenance (N.B. Il est important de s’assurer que les matériaux choisis ne contiennent pas de produits toxiques afin de ne pas contaminer vos plantes, surtout si elles sont comestibles).
Lors de la fabrication du bac, pensez à ajouter une couche de géotextile contre les parois intérieures du bac. De plus, dans le cas d’un bac en contact avec le sol, veillez à placer une grille anti-rongeur au fond du bac afin que les rongeurs ne puissent pas accéder à vos cultures. Enfin, pour ce qui est des dimensions, prévoyez un bac d’un volume d’au moins 1 m2 et d’une profondeur d’au moins 30 cm pour permettre le développement des racines.
2e étape : la technique des « lasagnes »
L’un des avantages incontestables de la permaculture moderne, c’est de proposer des solutions quelle que soit la qualité de votre sol. Le principe de base est de créer un sol fertile et nourricier, peu importe si celui de votre jardin est pauvre, sec, argileux ou caillouteux.
Pour cela, il existe plusieurs méthodes de préparation des sols. Dans cet article nous allons vous présenter une des méthodes les plus populaires : la technique des « lasagnes », qui est applicable en bac et qui permet de créer un sol riche et fertile en créant des couches superposées de matières végétales vertes et brunes.
Voici les étapes à suivre pour la construction de votre lasagne :
1re couche – Carton humide : dans le cas d’un bac en contact avec la pleine terre, commencez par déposer une couche de carton humide au fond du bac. Cette couche va faire office de barrière contre les mauvaises herbes et va constituer un refuge pour les vers de terre et autres microorganismes.
2e couche – Vieux bois en décomposition (15 à 20 cm) : cette couche de bûches et de grosses branches en décomposition va fonctionner comme une éponge. Elle préservera l’humidité dans le fond du bac, tout en enrichissant la terre et en apportant les éléments fertiles nécessaires au développement des racines des plantes.
3e couche – Mulch, feuilles mortes et reste de tonte de gazon (5 cm) : le mulch comprend tous les déchets végétaux que l’on peut retrouver sur un sol, comme les feuilles mortes, les restants de fruits et les brindilles tombées sur le sol.
4e couche – Humus (+/- 10 cm) : l’humus est le résultat de la décomposition du compost. Si vous n’avez pas accès à de l’humus, vous pouvez utiliser du compost !
5e couche – Paillis (3 à 5 cm) : de nombreux matériaux peuvent être utilisés en guise de paillis, comme les feuilles mortes, la paille, le foin, les copeaux de bois, le broyat de branches, etc.
6e couche – Compost (+/- 10 cm)
7e couche – Paillis (15 cm) : cette couche permettra d’isoler le reste des couches du froid.
8e couche – Terre de potager (10 à 20 cm)
9e couche – Paillage (5 à 10 cm) : le paillage est une méthode simple qui consiste à recouvrir le sol avec des matériaux (ex. : copeaux de bois) pour le nourrir et/ou le protéger. Ces matériaux ont un rôle de protection contre l’érosion et le dessèchement, et de limitation des variations de températures et d’humidité. Ils favorisent la vie souterraine par la décomposition des éléments organiques. Cette couche permet de limiter l’évaporation de l’eau et réduit donc considérablement l’arrosage nécessaire au bon fonctionnement des plantes.
L’idéal est de préparer votre lasagne en automne, pour qu’au printemps suivant vous puissiez procéder à la plantation de légumes dans votre bac.
3e étape : l’entretien du bac façon permaculture
Pour la récolte de vos légumes, n’arrachez pas le plant. Coupez plutôt la plante à son collet. Ainsi, les racines se décomposeront dans la terre, en nourrissant la microfaune et en laissant leurs sillons pour que l’eau et l’air circulent dans le sol. Au fur et à mesure des saisons, pensez à réaliser une rotation de vos cultures afin d’assainir la terre et d’éviter l’appauvrissement du sol.
À la fin de la saison, c’est-à-dire après les premières gelées blanches, vous pouvez commencer à préparer votre bac pour l’année suivante. Pour cela, enlevez d’abord le paillage de copeaux de bois et retirez 5 à 10 cm de terre. Ensuite, déposez une couche de feuilles mortes (5 à 10 cm), une nouvelle couche de compost (5 à 10 cm), puis une bonne couche de terre (10 à 20 cm). Recouvrez le tout du paillage et votre bac sera prêt à planter pour le printemps prochain !
Conclusion
La permaculture en bac potager offre une opportunité passionnante pour la communauté de Rosemont–La-Petite-Patrie de créer un mode de vie durable et enrichissant. En appliquant les principes de la permaculture au sein d’un bac potager, vous pouvez tirer de nombreux avantages :
- Contrôle de l’environnement : en utilisant des bacs, vous avez un meilleur contrôle sur le sol, l’humidité et l’exposition au soleil; des éléments importants pour obtenir de bonnes récoltes.
- Optimisation de l’espace : la permaculture en bac potager permet de cultiver une variété de plantes dans un espace limité.
- Entretien réduit : cinq minutes par jour suffisent à son entretien, car moins d’arrosage, aucun apport en engrais, et pas besoin de travailler le sol et de désherber.
- Réduction des nuisibles : la permaculture favorise la diversité des cultures, créant des écosystèmes plus résilients et réduisant la vulnérabilité aux ravageurs et aux maladies.
- Accessibilité : les bacs surélevés sont plus faciles à entretenir, ce qui les rend parfaits pour les personnes ayant des problèmes de mobilité.
- Partage communautaire : les bacs potagers créent des opportunités pour échanger des connaissances, partager des récoltes et renforcer les liens au sein du voisinage.
Cependant, cette solution en bac n’est pas parfaite et peut aussi présenter quelques inconvénients :
- Investissement initial : la fabrication des bacs, l’achat des matériaux et d’un terreau de qualité peuvent nécessiter un investissement personnel et financier initial non négligeable, allant de zéro à une centaine de dollars selon la qualité que vous recherchez et les matériaux dont vous disposez déjà.
- Efforts de conception et d’expérimentations : la conception d’un bac potager à la façon permaculture demande une réflexion approfondie en amont du projet, et des qualités d’observation et d’expérimentation durant sa durée de vie.
Il est important de garder en tête que chaque expérience de permaculture est unique et procure des résultats différents. En effet, les stratégies, techniques et outils en permaculture ne sont pas universels, mais bien contextuels! Pour adopter cette approche agricole, il vous faudra donc vous munir de vos qualités d’observation, de patience et d’expérimentation afin de bonifier vos méthodes de jardinage au fil du temps.
Grâce à une planification soignée, vous avez maintenant toutes les clefs en main pour vous lancer dans la permaculture et profiter des nombreux avantages que ce concept peut vous offrir!
À vous de jouer!
Références :
Greenastic (n.d.). Concevoir un bac pleine terre en permaculture. Disponible au lien suivant : https://greenastic.com/fiche/construction_bac_pleine_terre_permaculture/
Le Blog Permaculture. (2021, 3 mai). Tutoriel : Réaliser & Entretenir un bac en permaculture. Disponible au lien suivant : https://permaculteurs.net/tutoriel-realiser-bac-permaculture/
Ma passion du verger (2016). Réaliser un potager en carré, façon permaculture. Disponible au lien suivant : https://mapassionduverger.fr/divers/realiser-un-potager-en-carre-facon-permaculture/
Mondor, A. (2023, 1er avril). 5 légumes vivaces à planter une seule fois et à récolter chaque année. Journal de Montréal. Disponible au lien suivant : https://www.journaldemontreal.com/2023/04/01/5-legumes-vivaces-a-planter-une-seule-fois-et-a-recolter-chaque-annee
Paysagiste Info (n.d.). Bien démarrer en permaculture, comment préparer le sol et choisir les plants? Disponible au lien suivant : https://www.paysagiste.info/bien-demarrer-en-permaculture-comment-preparer-le-sol-et-choisir-les-plants/#:~:text=les%20solanac%C3%A9es%20%3A%20tomate%2C%20poivron%2C,%2C%20%C3%A9chalote%2C%20ail%2C%20persil%E2%80%A6
Permaculture Design – Bureau d’étude (2023). Comment faire un jardin en permaculture ? Les bases indispensables à connaître. Disponible au lien suivant : https://www.permaculturedesign.fr/comment-faire-un-jardin-en-permaculture/
La photo de couverture est tirée du site web Gammvert.fr