Une grande proportion de la population mondiale vit maintenant dans les villes, ce qui risque d’augmenter la vulnérabilité des communautés face aux changements climatiques. Un défi majeur consiste alors à adapter les milieux urbanisés densément peuplés et minéralisés afin de les rendre plus résilients face à ces grands bouleversements. Parmi les avenues possibles, le verdissement de nos villes par la plantation d’arbres fournit de nombreux avantages:
–Meilleure qualité de l’air : Les arbres captent les microparticules présentes dans l’air principalement avec leur feuillage.
–Captation du carbone : Par le processus de photosynthèse, les arbres captent le carbone atmosphérique.
–Réduction des îlots de chaleur : Par le processus d’évapotranspiration, les arbres réduisent la température ambiante. De plus, leur feuillage crée de l’ombre, ce qui réduit l’absorption de la chaleur et sa libération par les surfaces minéralisées.
-Captation des eaux pluviales : Le système racinaire de l’arbre permet l’infiltration de l’eau dans les sols tandis que la partie aérienne intercepte une certaine quantité d’eau de pluie. Cela diminue le risque d’inondations ou de débordement des égouts pluviaux.
–Maintien et augmentation de la biodiversité : Les arbres accueillent une faune et une flore diversifiées et créent des corridors verts.
–Qualité paysagère : La forêt urbaine augmente le bien-être des citoyens tant au niveau physique que psychologique.
En considérant tous les bienfaits des arbres, la Ville de Montréal s’est fixé comme objectif d’augmenter son indice de canopée à 26 % d’ici 2025 (Ville de Montréal, 2022). Chaque arrondissement a donc un rôle important à jouer dans l’atteinte de cet objectif ambitieux. L’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie a pour sa part l’objectif d’atteindre un indice de canopée de 30 % d’ici 2032. Depuis, les efforts de verdissement se poursuivent sur son territoire, notamment grâce à la plantation de 6000 arbres entre 2020 et 2022.
L’augmentation de la canopée urbaine peut poser son lot de défis, puisque le territoire viable des arbres en milieu urbain est considérablement réduit par les diverses contraintes physiques (Fondation David Suzuki, 2022). Celles-ci limitent les arbres urbains au point de vue physique et génétique, les rendant plus vulnérables aux insectes ravageurs et aux maladies (Ordonez et Duinker, 2014). Un bon exemple est celui de l’agrile du frêne, un coléoptère envahissant et dévastateur pour les frênes à travers la ville de Montréal. Les frênes infestés doivent être traités ou abattus, engendrant d’importantes dépenses ainsi qu’une diminution notable de la canopée urbaine, étant donné la forte présence de cette essence dans les centres urbains : sur rue, dans les parcs et sur les terrains privés (CMM, 2019).
Voici les principaux facteurs qui influencent négativement le taux de croissance et la survie des arbres en ville :
–L’espace réduit au niveau du sol et de l’air pour l’expansion des racines et du feuillage;
-La présence d’obstacles physiques tels que les infrastructures (souterraines ou aériennes);
-La compaction et la contamination des sols;
-L’utilisation des sels de déglaçage en hiver;
-Les dégâts au système racinaire et au tronc lors de travaux qui impliquent de la machinerie lourde.
Le choix des essences
Le bon arbre au bon endroit : dans le quartier de Rosemont-La Petite-Patrie, l’ingénieure forestière de l’équipe des parcs de l’Arrondissement choisit avec soins les essences à planter selon leurs caractéristiques intrinsèques et le contexte de plantation.
Un choix diversifié d’espèces permet une meilleure résilience de la forêt urbaine face aux stress imposés par la ville et les changements climatiques. Il s’agit là du concept de diversité fonctionnelle des arbres. Alors qu’auparavant, certaines espèces étaient privilégiées pour leur bon taux de survie sans égard à la diversité de la canopée totale, il s’avère qu’une forêt urbaine en monoculture est plus vulnérable et moins viable qu’une forêt riche en espèces qui comprend différentes strates végétales (Dumont, 2015). L’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie compte 171 espèces et variétés d’arbres, mais doit composer avec le fait que le genre Acer (érables) représente à lui seul 34 % des arbres présents sur le territoire (Plan maître de plantation RPP, 2021). En résumé, plus un milieu est diversifié en espèces végétales ayant différentes caractéristiques biologiques, plus il y aura une variabilité de réponses, ce qui permet une meilleure stabilité dans le temps (Fondation David Suzuki, 2022).
Microforêts
Dans l’optique de favoriser le maintien de la biodiversité en ville, l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie accueille maintenant 4 microforêts qui hébergent entre 600 et 900 jeunes arbres sur une superficie variant de 200 à 300 m2. Le concept de forêts urbaines miniatures et densément peuplées est inspiré de la méthode développée par le botaniste japonais Akira Miyawaki. La variété des espèces d’arbres plantés ainsi que leur densité permettraient une croissance plus rapide, induite par une compétition pour les ressources telles que la lumière et les nutriments dans le sol.
Pouvoir d’action
Par la forte présence de surfaces minéralisées sur son territoire, l’Arrondissement doit compter sur les propriétaires privés pour atteindre son objectif d’augmentation de sa canopée. À cet effet, il est possible de se procurer un arbre à prix modique via la campagne Un arbre pour mon quartier. Par la suite, il s’agit d’en prendre soin en l’arrosant fréquemment les premières années et en le protégeant adéquatement lors de travaux.
En tant que citoyen ou citoyenne, vous avez aussi le pouvoir de prendre soin des arbres publics en :
- Respectant les arbres présents sur le territoire, par exemple en évitant d’y attacher votre vélo ou une affiche;
- Arrosant les jeunes arbres ou en entretenant pendant les deux premières années la cuvette d’arrosage située à la base de l’arbre;
- Respectant les normes d’aménagement des carrés d’arbre et en évitant de les étouffer avec une trop grande quantité de terre;
- Identifiant les arbres qui ont besoin d’une intervention de la part de l’équipe des Parcs. Pour ce faire, il vous suffit de contacter le 311.
Si vous désirez en apprendre plus sur la canopée urbaine, vous pouvez consulter le rapport de la Fondation David Suzuki et le plan maître de plantation de Rosemont–La Petite-Patrie.
Ressources
Arrondissement de Rosemont–La-Petite-Patrie (2021). Plan maître de plantation [Fichier PDF]. https://portail-m4s.s3.montreal.ca/pdf/rpp_plan_maitre_de_plantation_vf.pdf
Dumont, B. (2015). Des arbres pour les jardins paysagers. Éditions MultiMondes.
Communauté métropolitaine de Montréal (2019). Stratégie métropolitaine de lutte contre l’agrile du frêne 2014-2024 – Bilan 2019 [Fichier PDF]. https://cmm.qc.ca/wp-content/uploads/2020/08/Strategie_agrile_du_frene_Bilan_2019_VF.pdf
Fondation David Suzuki (2022). Augmenter l’adaptation équitable aux changements climatiques : Scénarisation de la plantation de 500 000 nouveaux arbres sur le territoire de la Ville de Montréal [Fichier PDF]. https://davidsuzuki.wpenginepowered.com/wp-content/uploads/sites/3/2022/11/Scenarisation-de-la-plantation-de-500-000-nouveaux-arbres-sur-le-territoire-de-la-Ville-de-Montreal.pdf
Ordóñez, C., Duinker, P. (2014). Assessing the vulnerability of urban forests to climate change. Environmental Reviews, 22(3), 311321. https://doi.org/10.1139/er-2013-0078
Ville de Montréal. (2022, 9 décembre). La Ville de Montréal dévoile son bilan du programme de la forêt urbaine pour l’année 2021 [Communiqué]. Cabinet de la mairesse et du comité exécutif. https://www.newswire.ca/fr/news-releases/la-ville-de-montreal-devoile-son-bilan-du-programme-de-la-foret-urbaine-pour-l-annee-2021-801606379.html#:~:text=L%27ann%C3%A9e%202021%20a%20permis,994%20dans%20les%20milieux%20naturels.
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